Le squelette blanchi d’un Deinonychus qui vivait il y a 100 millions d’années peut nous en dire beaucoup sur ce qu’il mangeait, comment il courait, et même comment il interagissait avec d’autres dinosaures du même genre, mais pas beaucoup sur la durée de sa vie avant de mourir de vieillesse. En réalité, pour déterminer la durée de vie moyenne d’un sauropode ou d’un tyrannosaure, il faut examiner un grand nombre de preuves différentes. Il s’agit notamment de comparaisons avec des reptiles, des oiseaux et des mammifères modernes, de théories sur la croissance et le métabolisme des dinosaures et (idéalement) d’une analyse directe des os fossilisés du dinosaure en question.

Avant toute chose, il est utile de savoir pourquoi un certain dinosaure est mort. Grâce à l’emplacement de certains fossiles, les paléontologues peuvent souvent déterminer si les dinosaures ont été tués par des avalanches, des inondations ou des tempêtes de sable. Les marques de morsure dans un os solide sont également un bon signe que le dinosaure a été tué par un prédateur, bien qu’il soit également possible que le corps ait été ramassé après que le dinosaure soit mort de causes naturelles ou que le dinosaure se soit remis d’une blessure antérieure. Si l’on peut prouver qu’une partie du corps provient d’un enfant, la mort par vieillesse est exclue, mais pas la mort par maladie (et nous savons encore très peu de choses sur les maladies qui touchaient les dinosaures).

La durée de vie des dinosaures : Établir des parallèles

Les chercheurs s’intéressent à la durée de vie des dinosaures parce que les reptiles modernes font partie des animaux qui vivent le plus longtemps sur terre. Les tortues géantes peuvent vivre plus de 150 ans, et les crocodiles et alligators peuvent vivre jusqu’à 60 ou 70 ans. Plus intéressant encore, certaines espèces d’oiseaux qui sont des descendants directs des dinosaures vivent également longtemps. Les cygnes et les buses à tête rouge peuvent vivre plus de 100 ans, et les petits perroquets survivent souvent à leur propriétaire. Les humains sont les seuls animaux qui peuvent vivre plus de 100 ans. Les éléphants et les chimpanzés vivent respectivement environ 70 et 40 ans, et les poissons et les amphibiens les plus anciens ne peuvent atteindre que 50 ou 60 ans.

Il ne faut pas en conclure que les dinosaures ont vécu longtemps simplement parce que certains de leurs parents et descendants vivent plus de 100 ans. Une tortue géante peut vivre aussi longtemps en partie parce qu’elle a un métabolisme très lent. La question de savoir si tous les dinosaures avaient ou non le sang froid est encore sujette à débat. De plus, à quelques exceptions près, comme les perroquets, les animaux de petite taille ont tendance à vivre moins longtemps, de sorte que le Velociraptor moyen de 10 kg aurait eu de la chance de vivre plus d’une dizaine d’années. En revanche, les animaux plus gros ont tendance à vivre plus longtemps, mais ce n’est pas parce qu’un Diplodocus était 10 fois plus gros qu’un éléphant qu’il a vécu 10 fois (ou même deux fois) plus longtemps.

Le métabolisme est utilisé pour déterminer la durée de vie des dinosaures

Certains paléontologues ont récemment démontré de manière convaincante que les plus grands herbivores, comme les sauropodes, les titanosaures et les hadrosaures, étaient capables d’homéothermie. Cela signifie qu’ils se réchauffaient lentement au soleil et se refroidissaient la nuit, en gardant leur température interne presque identique. Comme l’homéothermie est compatible avec un métabolisme à sang froid, et que si l’Apatosaurus avait eu le sang chaud au sens où nous l’entendons aujourd’hui, il se serait cuit de l’intérieur comme une pomme de terre géante, il semble possible que ces dinosaures aient pu vivre pendant 300 ans.

Qu’en est-il des dinosaures plus petits ? Ici, les arguments ne sont pas aussi clairs, et ils sont rendus plus compliqués par le fait que même les petits animaux au sang chaud, comme les perroquets, peuvent vivre longtemps. La plupart des experts pensent que la durée de vie des petits dinosaures herbivores et carnivores était directement liée à leur taille. Par exemple, un Compsognathus, de la taille d’un poulet, pouvait vivre cinq ou dix ans, tandis qu’un Allosaurus, beaucoup plus gros, pouvait vivre 50 ou 60 ans. Mais ces estimations pourraient changer si l’on pouvait prouver avec certitude qu’un certain dinosaure avait le sang chaud, le sang froid ou quelque chose entre les deux.

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Comment la croissance osseuse nous renseigne sur la durée de vie des dinosaures ?

On pourrait penser que l’observation de vrais os de dinosaures permettrait de déterminer la vitesse de croissance et la durée de vie des dinosaures, mais ce n’est pas le cas. Dans son livre The Complete Dinosaur, le biologiste R.E.H. Reid déclare :  » La croissance [des os] était souvent continue, comme chez les mammifères et les oiseaux, mais parfois périodique, comme chez les reptiles. Certains dinosaures avaient différentes parties de leur squelette qui croissaient dans les deux sens. » En outre, les paléontologues ont besoin de plusieurs fossiles du même dinosaure à différents stades de croissance pour déterminer la vitesse de croissance des os. C’est souvent impossible, étant donné le caractère imprévisible des fossiles.

En fin de compte, certains dinosaures, comme l’Hypacrosaurus à bec de canard, grandissaient incroyablement vite, atteignant des tailles adultes de quelques tonnes en seulement une douzaine d’années (ce qui rendait probablement les jeunes dinosaures moins vulnérables aux prédateurs parce qu’ils étaient plus grands). Le problème est que rien de ce que nous savons du métabolisme des animaux à sang froid ne correspond à ce taux de croissance. Cela pourrait signifier que l’Hypacrosaurus en particulier, et les grands dinosaures herbivores en général, avaient un type de métabolisme à sang chaud, et que leur durée de vie maximale était beaucoup plus courte que les 300 ans suggérés ci-dessus.

De la même manière, d’autres dinosaures semblent avoir grandi plus comme des crocodiles et moins comme des mammifères. Ils grandissaient lentement et régulièrement, pas comme lorsqu’ils étaient jeunes ou jeunes adultes. Le crocodile Sarcosuchus de 15 tonnes, également connu sous le nom de « SuperCroc », a probablement mis 35 ou 40 ans pour atteindre sa taille adulte. Après cela, il a grandi lentement pendant le reste de sa vie. Si les sauropodes suivaient ce schéma, cela montrerait qu’ils avaient un métabolisme à sang froid, et leur durée de vie estimée se rapprocherait à nouveau de la barre des plusieurs siècles.

Alors, que pouvons-nous dire en fin de compte ? Tant que nous n’en saurons pas plus sur les métabolismes et les taux de croissance des différentes espèces, il est clair que toute estimation sérieuse de la durée de vie des dinosaures doit être prise avec un énorme grain de sel de dinosaure.

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